Jean Le Moal
Authon-du-Perche,1909-Chilly Mazarin, 2007
Jean Le Moal naît dans le Perche, où son père, ingénieur des travaux publics, est affecté ; sa mère est ardéchoise. Il veut être sculpteur et, dans un compromis sur sa vocation, ses parents l’envoient à Lyon au département d’architecture de l’École des Beaux-Arts ; il se retrouve au département d’art décoratif. Il se rend ensuite à Paris, où il préfère visiter le Louvre plutôt que de suivre les cours de l’École des Arts Décoratifs.
En 1930, alors qu’il copie la Nature morte à la pipe de Chardin, la Bacchanale au luth de Poussin et la Gabrielle en rose de Renoir, il rencontre Alfred Manessier, qui copie Rembrandt. En 1934, il établit un autre contact crucial, cette fois avec Roger Bissière, qui enseignait la fresque à l’Académie Ranson, et qui lui a probablement enseigné l’intégrité artistique plutôt que la technique picturale. Élève de l’Académie Ranson jusqu’en 1938, il étudie également la sculpture avec Malfray, par l’intermédiaire duquel il rencontre Jean Bertholle et Étienne-Martin. En 1937, avec Bazaine, il travaille à l’auberge de jeunesse de la Porte d’Italie, à Paris.
Il voyage en Espagne (1935), en Belgique et aux Pays-Bas (1935-1938), puis en Amérique du Sud (1965-1966), voyages peut-être déterminés par la présence de musées dans les lieux visités. En 1939, il se rend à New York où, avec une équipe comprenant Bertholle, il travaille sur le plafond de 1666 mètres carrés (1400 mètres carrés) du pavillon français à l’Exposition universelle. Appelé sous les drapeaux en 1939, il est rapidement démobilisé. De 1939 à 1942, il est régisseur de la Compagnie des Quatre Saisons et tourne avec Jean Dasté et André Barsacq. Dès 1940, il conçoit les décors de L’Étoile de Séville de Lope de Vega et de Charlotte Corday de Drieu La Rochelle. Il devient ensuite régisseur et décorateur de la compagnie lyonnaise de Maurice Jacquemot. À partir de 1945, il travaille au Théâtre de l’Ouest, à Rennes. Il réalise également des peintures murales, notamment pour l’école d’Eaubonne (Val-d’Oise) en 1939. Cette activité trépidante l’éloigne parfois de sa propre peinture.
Entre 1935 et 1939, la peinture de Le Moal est dramatiquement expressionniste, avec un soupçon de néo-cubisme à la Picasso et le sens typiquement français du décoratif qui caractérise tous les membres de l’École de Paris qui ne sont pas académiques ou surréalistes. L’influence des origines de son père a joué un rôle important dans ses premières œuvres, que l’on pourrait appeler par commodité néo-cubistes. Il change bientôt d’orientation, surtout après un séjour à Vannes en 1942, et commence à mettre l’accent sur la structure de ses compositions avec un réseau de lignes verticales et d’horizontales courtes et obliques, brisées par des courbes parfois prolongées en cercle. La découverte de l’Ardèche dont sa mère est originaire provoque un changement décisif dans son œuvre en 1953. Il dit lui-même qu’à cette époque, il « semble découvrir la peinture ». De 1957 à 1960, il travaille à la fois à l’aquarelle et à l’huile. Il dépasse les paysages immédiats des Cévennes escarpées et arides et explore les détails qui les composent et qui seront transformés en poésie par des lignes et des coups de pinceau aux couleurs lumineuses. Au cours de ses voyages en Amérique du Sud au milieu des années 1960, il a découvert des tons plus vibrants et, au-delà de son sujet immédiat, les variations de lumière traduites en flux de couleurs vives sont devenues son thème constant. C’est un peintre abstrait qui travaille à partir d’impressions faites à partir d’apparences naturelles et qui s’inspire de la peinture atmosphérique de l’œuvre tardive de Claude Monet.
Jean Le Moal commence à exposer avec le groupe Témoignage à la Galerie Breteau, Paris (1938), et à Lyon (1939) ; il participe au premier Salon des Jeunes Artistes et au premier Salon d’Art Mural. Il figure dans Peintres de tradition française, Galerie Braun, Paris (1942), l’exposition historique où, avec Bazaine, Singier, Manessier, Pignon, Gischia et d’autres jeunes peintres, il proclame, face à l’occupation allemande, la continuité de la France et l’attachement à des formes d’expression artistique jugées « dégénérées » par l’occupant. Dans le même esprit, Le Moal participe à Douze peintres d’aujourd’hui (1943). Il participe ensuite à de nombreuses autres expositions collectives à Paris, en province et à l’étranger, dont le Salon de Mai, dont il est l’un des membres fondateurs en 1945. Il préfère les expositions collectives qui regroupent ses amis et sa propre peinture, comme celles de la Galerie de France, à Paris.
Sources : Documentation musée des Beaux-Arts de Lyon, Tomaselli Collection, Bénézit.