Anthelme Trimolet

Lyon, 1798 - Lyon, 1866

Né le 18 mai 1798 et mort le 16 décembre 1866, Anthelme Trimolet est un représentant lyonnais typique de l’historicisme. Frère et maître de l’artiste peintre Marie-Antoinette Petit-Jean.

En 1808, il est élève à l’école spéciale de dessin de Lyon et commence à étudier la peinture, puis de 1808 à 1813 il étudie à l’École des beaux-arts de Lyon sous Pierre Révoil. Il remporte la médaille d’argent en 1812 en classe de bosse et enfin reçoit le laurier d’or en 1815.

En 1819, il expose L’Intérieur d’un atelier de mécanicien au Salon de Paris. Il enseigne le dessin de 1820 à 1830 au Collège royal de Lyon jusqu’en 1830. Il peint des portraits, des figures, des intérieurs et des scènes militaires qu’il expose à Paris depuis 1819 et à Lyon très épisodiquement depuis 1827. Il pratique aussi l’archéologie. En 1823 à Chambéry, il peint la famille Costa de Beauregard. Trimolet exécute une scène historique : Les Députés du concile de Bâle présentant la tiare à Amédée VIII. Il sculpte également l’ivoire. Les sujets du Moyen Âge dominent son inspiration. La Henriade de Voltaire et la partie de chasse de collé ont confirmé la popularité très grande d’Henri III. Beaucoup d’illustrateurs de Voltaire avaient montré le couple d’Henri et la belle Gabrielle.

Selon une pratique courante à l’époque, il commet des restaurations abusives, de peintures hollandaises notamment, et déclare qu’« on ne peut mieux honorer les chefs-d’œuvre du passé qu’en les remettant à neuf ». Il pratique lui-même la minutie nordique, aussi peut-on apprécier la qualité de la dentelle ornant les manches, ainsi que la moire de soie violette de la mozette épiscopale, lisérée boutonnée de soie cramoisie sur son œuvre Dentelle de 1838. Il cherche à éviter l’écueil d’une trop grande minutie, il recommande à un débutant :

Si tu t’appesantis sur un pauvre détail
Ton œuvre sans génie sentira le travail…
L’énergie du pinceau vaut mieux que le soyeux
Que Adriaen van der Werff a pris pour un faire gracieux.

Anthelme Trimolet meurt à Lyon, rue Saint Dominique à l’hôtel des princes le 17 décembre 1866. Il est enterré au cimetière de Loyasse. Sur sa tombe est ornée d’un sarcophage en marbre blanc décoré de bas-reliefs par Guillaume Bonnet. La grille de clôture consiste en des barreaux à pommes de pin et le plafond est apparent. Au fond, sur un haut soubassement, se trouve un sarcophage monumental à parements de marbre. L’appareil est saillant encadre un panneau en réserve, entablement à triglyphes, corniche denticulée, couvercle plat s’achevant en bourrelets formant des volutes sur les tranches.

S’il est l’auteur de nombreuses œuvres, il a également été sujet. Ainsi François-Felix Roubaud a fait son portrait en médaillon en plâtre en 1857. Aujourd’hui il est présenté au musée des Beaux-Arts de Lyon.

Le peintre apparaît hésitant, éternellement insatisfait, manquant d’aptitude à s’affirmer. Son biographe, Aimé Vingtrinier écrit : « Il ne termine une toile que pour en être profondément découragé, que pour cacher son œuvre comme un échec et pour en recommencer une autre avec persistance, ténacité, et la même sombre tristesse. » L’homme est un écorché vif, susceptible à l’extrême, un misanthrope qui passe son existence dans un cercle très restreint d’amis, à assouvir une passion que beaucoup ont considéré comme maladive et qu’il qualifiait lui–même de monomanie. L’amitié le liant à son ancien professeur à l’École des beaux-arts de Lyon, Pierre Revoil, grand amateur d’objets du Moyen Âge dont la collection, acquise en 1826 par Charles X, forma la base du département des objets d’art du Louvre, n’est sans doute pas étrangère à la vocation de Trimolet, qui commença à peu père à la même époque, à rechercher « les bribes précieuses de ce bon vieux temps que je chéris ». Il faut y ajouter une grande curiosité d’esprit pour la passé, ainsi que le besoin de modèles d’un artiste qui écrit : « Si c’est un sujet historique que vous traitez, il vous faudra faire quelques recherches de costumes, d’ustensiles, d’usages, il vous faudra vous procurer en nature ces choses-là. »

« Archéologue, numismate, collectionneur, toujours à la piste de quelque antiquité, à l’affût devant les boutiques de bric-à-brac, toujours en admiration devant quelque objet curieux, il achète, raccommode, répare, classe, arrange, essuie, et s’énamoure comme un homme de vingt ans. Gravures avant la lettre, épreuves de choix, nielles, émaux, médailles, armes, faïences, orfèvrerie, meubles, ivoires, tout a la puissance de faire battre son cœur. Mais cet amoureux de l’antique et du rare ne l’est pas à la légère. Nul n’a le tact plus fin pour découvrir une supercherie, nul ne désespère plus ni mieux les marchands roués ou de bonne foi en leur prouvant que la pièce est fausse. Ses voyages à travers divers musées de l’Europe l’ont initié aux mystères de la peinture. »

Anthelme Trimolet ne possédait pas les moyens dont pouvaient jouir les grands collectionneurs de la seconde moitié du XIXe siècle comme le préfet Albert Germeau, le prince Pierre Soltykoff ou encore le marchand d’art Samuel Spitzer. À côté de ces riches amasseurs de trésors existaient des collectionneurs plus modestes qui, tout comme Trimolet, ne disposaient pas de moyens financiers importants, mais qui réussirent néanmoins à réunir un certain nombre de pièces. En dépit de son statut de collectionneur modeste, Trimolet réussit à acquérir certaines pièces l’équivalent de retrouve chez les plus grands collectionneurs du XIXe siècle. Tous étaient égaux dans leur amour pour les décors armoriés et émaillés qui leur permettaient de nourrir des rêveries pétries d’idéaux chevaleresques.

Edma Trimolet, artiste et femme d’un artiste
Le 10 octobre 1878, la Ville de Dijon acceptait officiellement, d’Edma Trimolet, le legs d’une importante collection, qu’elle avait réunie avec son époux Anthelme. Si celui que les amateurs français avaient surnommé Fouilleron, joua indubitablement un rôle important dans sa constitution, il faut rappeler que la fortune de sa femme fut largement mise à contribution, et qu’elle continua, après la mort de son époux, à acheter des meubles, des objets d’art, des céramiques, et tableaux. Il convient encore de souligner à quel point l’environnement était de nature à attiser la passion du couple. C’était en effet, à Lyon, l’époque héroïque des grands collectionneurs, et l’on ne recense pas moins de 16 ventes aux enchères importantes pendant les 40 années au cours desquelles a été constituée la collection.

TOMASELLI Collection (Voir la fiche)

22,  Rue Laure Diebold
69009 LYON

Œuvres de Anthelme Trimolet