Jean Bertholle

Dijon, 1909 - Paris, 1996

Jean Bertholle, né le 26 juin 1909 à Dijon, et mort le 6 décembre 1996 à Paris 4e, est un peintre et graveur français de la Nouvelle École de Paris.

Né à Dijon en 1909, Jean Bertholle commence à peindre dès 1924. « Mon père qui était ingénieur à la SNCF consacrait ses loisirs à peindre. Très jeune j’ai été attiré, puis grisé, par l’odeur qui s’échappait de sa boîte de couleurs. Cependant, ma vocation est plus la conséquence, je crois, des illustrations ornant les revues des Noëls et des Salons que nous recevions à la maison et que je pouvais feuilleter à loisir. […] Je n’ai jamais fait de dessins d’enfant mais j’ai peint dès l’âge de quinze ans, » confie-t-il en 1977.

En 1928, Bertholle s’inscrit à l’École des beaux-arts de Saint-Étienne. « Mon père se désespérait car les études ne m’intéressaient pas, sauf l’histoire parce qu’elle me permettait d’illustrer mes cahiers d’innombrables croquis. Soucieux de mon avenir, il me fit entrer comme clerc chez un notaire de Saint-Étienne. Je réservais mes après-midis à la peinture et me rendais chaque jour à Lyon chez un artiste qui corrigeait mes essais et m’enseignait les rudiments du métier. Distrait dans mes occupations professionnelles, je fus renvoyé de l’étude un an plus tard. J’avais dix-neuf ans. Mon père accepta alors de m’autoriser à m’inscrire à l’école des beaux-arts de Saint-Étienne jusqu’au service militaire que j’effectuai dans cette même ville », dit encore Bertholle. Son père lui fait aussi voir à Paris en 1932 une grande exposition de Manet à l’Orangerie : « un voile se déchira en m’ouvrant les yeux sur les merveilles de la vraie peinture ». De 1930 à 1932 Bertholle fréquente l’École des beaux-arts de Lyon où il se lie avec le sculpteur Étienne-Martin, rencontre et épouse Marie-Antoinette Duraz, sœur de Jean Duraz et d’Albert Duraz, dont il reconnaîtra qu’elle était, aimant les tableaux de Paul Gauguin, « plus avancée » en peinture que lui. Il estime par ailleurs que jusqu’à son arrivée à Paris, il n’a réalisé que « des toiles imitatives, académiques, dans la lignée de Meissonnier », qu’il a par la suite toutes détruites.

Bertholle poursuit en 1933 et 1934 ses études à l’École des beaux-arts de Paris, dans l’atelier de Paul Albert Laurens, tandis que naît l’aîné de ses cinq enfants. En 1934, il rencontre Roger Bissière qui a remarqué l’une de ses toiles (Les Fous, 1934) chez Étienne Martin et participe à une première exposition collective à l’Académie Ranson. Fréquentant l’Académie sans en être l’élève, il s’y lie avec Jean Le Moal et fait la connaissance d’Alfred Manessier. Il est alors membre fondateur du groupe « Témoignage », animé à Lyon par Marcel Michaud, réunissant peintres (notamment Lucien Beyer, Le Moal, Véra Pagava, Dimitri Varbanesco, Nicolas Wacker et Zelman, Manessier les rejoignant en 1938), sculpteurs (Étienne Martin et François Stahly), écrivains et musiciens, qui se manifeste pour la première fois au Salon d’automne de Lyon en 1936. Le groupe bénéficie de l’appui du galeriste René Breteau qui l’expose en 1938 dans sa boutique, 9 rue des Canettes, puis en 1939 dans sa galerie rue Bonaparte, lieux très fréquentés dans les années précédant immédiatement la Seconde Guerre mondiale.

En 1937 Bertholle travaille dans l’équipe constituée par Bissière, avec Le Moal et Manessier, à la décoration du pavillon des chemins de fer et transports aériens de l’Exposition universelle de 1937. Il collabore en 1939 avec Le Moal et Zelmann à la création d’une peinture murale pour le plafond (1 500 m2) du pavillon français de l’Exposition universelle de New York. Mobilisé en 1939, démobilisé en 1940 il se fixe dans des conditions difficiles à Lyon où il travaille aux ateliers de décors et costumes de « Jeune France », dirigés par Le Moal, jusqu’à la dissolution de l’organisation par le régime de Vichy. En 1941 il participe à l’exposition « Vingt jeunes peintres de tradition française », première manifestation, organisée par Jean Bazaine de la peinture d’avant-garde sous l’Occupation.

Devenu en 1943 directeur artistique de la faïencerie de Gien (2 000 ouvriers) où il assume la fonction de décorateur, il souffre de ne plus pouvoir jusqu’en 1945 se consacrer à la peinture autant qu’il le souhaiterait. Il participe cependant en 1944 à une exposition collective à la Galerie de France avec Bissière, Marc-Antoine Bissière (dit Louttre.B), Le Moal, Manessier, Gustave Singier et Étienne Martin, préfacée par Gaston Diehl et en 1945 au premier Salon de mai dont il est membre fondateur. En 1947, se souviendra Bertholle, « vint vers moi un homme qui me donna une chance en me permettant d’appartenir à une galerie, c’est-à-dire d’être moins isolé, enfin une très grande amitié picturale nous lia et me donna le coup de fouet nécessaire ». Jean François Jaeger l’expose ainsi à la Galerie Jeanne Bucher en 1947, 1952, 1954 et 1956. Il réalise simultanément en 1956 une première exposition personnelle à la galerie Roque, boulevard Raspail à Paris, qui lui offre un contrat lui permettant d’abandonner en 1957 ses fonctions à la faïencerie de Gien et de se consacrer entièrement à la peinture. Elle présentera ses œuvres en 1959, 1961 et 1963. Bertholle est sélectionné en 1949 et en 1960 pour la Biennale de Venise, ainsi que pour la Biennale de São Paulo. En 1953 il réalise des vitraux pour le Carmel de Cherbourg et participe en 1959 à l’exposition d’art contemporain de l’Institut Carnegie de Pittsburgh.

Les premières expositions rétrospectives de l’œuvre de Bertholle sont présentées en 1964 au musée des beaux-arts de Metz, au musée de l’État du Grand-Duché du Luxembourg et à la maison de la culture de Caen. De 1965 à 1980, Bertholle, nommé par André Malraux, enseigne comme professeur-chef d’atelier d’art mural à l’École des beaux-arts de Paris. Après une exposition à la galerie Villand et Galanis en 1966, préfacée par Jean Lescure, de nouvelles rétrospectives ont lieu en 1972 au musée des Beaux-Arts de Dijon, puis à Besançon et Saint-Germain-en-Laye (préface de Gaëtan Picon. Bertholle est reçu en audience privée au Vatican par Paul VI en 1974. Après une autre rétrospective en 1982 à l’École des beaux-arts de Paris (Bertolle, Chastel, Singier), il est élu en 1983 membre de l’Institut de France. Passionné d’enseignement il fonde la même année sa propre académie de peinture (Saint Roch)5. Ses œuvres sont présentées à Paris en 1989 à la galerie Callu Mérite, en 1991 et 1992 à la galerie Art-Mel. Après sa mort en 1996, une première rétrospective est présentée à La Ciotat en 1997, puis une seconde à Dijon en 2011.

TOMASELLI Collection (Voir la fiche)

22,  Rue Laure Diebold
69009 LYON

Œuvres de Jean Bertholle