Charles de La Fosse

Charles de La Fosse occupe, aux côtés de Charles Le Brun, Mignard et Jouvenet, une place importante parmi les peintres décorateurs du XVIIᵉ siècle. Fils d’un orfèvre, il fut d’abord élève de Chauveau, puis de Le Brun. En 1658, il partit pour l’Italie, où il séjourna deux ans à Rome et trois ans à Venise. Son père avait obtenu pour lui une pension du roi par l’intermédiaire de Colbert. À son retour à Paris, il reçut la commande des fresques de la chapelle nuptiale de l’église Saint-Eustache ainsi que la décoration de la voûte du chœur et du dôme de l’église des religieuses de l’Assomption, rue Saint-Honoré.

La Fosse fut ensuite appelé à Londres par Lord Montague, qui lui confia la décoration de son palais (1690). Charles II, enchanté de ce travail, lui demanda de peindre le palais de Hampton Court ; il ne put accepter, ayant été rappelé à Paris pour la décoration des Invalides. À la mort de Mansart, le programme initial fut modifié et, bien que La Fosse ait probablement fourni dessins et esquisses pour l’ensemble, l’exécution fut partagée avec Boullogne et Jouvenet. La Fosse réalisa seulement l’immense coupole du dôme et les quatre pendentifs.

Reçu à l’Académie royale en 1673, il en fut successivement professeur adjoint la même année, professeur en 1674, conseiller en 1692, directeur en 1699, vice-recteur en 1701, recteur en 1702 et enfin chancelier en 1715. Il ne participa qu’à deux expositions, celles de 1699 et de 1704.

S’il montra au début une certaine influence de Poussin, il se tourna rapidement vers Corrège, les Vénitiens et Rubens. Il réussit ainsi à renouveler le style de la peinture française du XVIIᵉ siècle, souvent dominée par Poussin et Le Brun, et créa un art qui annonce parfois celui de Watteau. La Fosse affectionne les draperies éclatantes et somptueuses, aux couleurs vives contrastées, fondues dans des tonalités brunes et dorées. Bien que son dessin puisse sembler lourd, il parvient toujours à l’équilibrer par des harmonies colorées, usant de pierre noire et de sanguine, produisant des effets que l’on retrouvera chez Watteau.

Source: Bénézit