Fleury Richard
Lyon, 1777 - Ecully, 1852
Fleury François Richard (dit parfois Fleury-Richard), né le 25 février 1777 à Lyon et mort le 14 mars 1852 à Écully, est un peintre de l’École de Lyon, élève de Jacques-Louis David et l’un des précurseurs, avec son ami Pierre Révoil, du style troubadour.
Il étudie d’abord au collège de l’Oratoire de Lyon. Sa famille remarque son goût pour le dessin et le destine à devenir dessinateur pour la Grande Fabrique, c’est-à-dire pour l’industrie de la soie. Il rentre vers 1789 à l’école de Dessin de la ville où il a pour professeur Alexis Grognard et où il rencontre Pierre Révoil. Il interrompt définitivement ses études à la fin du printemps 1793 lors du soulèvement de Lyon contre la Convention nationale, qui déstabilise complètement l’industrie de la soie lyonnaise.
Son père l’envoie à Paris en 1794. Il loge chez sa tante et assiste le lendemain de son arrivée au convoi conduisant à l’échafaud Élisabeth de France, sœur du roi Louis XVI. Vingt ans plus tard il lui consacre un tableau, qu’il offre à son frère, le comte d’Artois. Grâce aux relations de sa famille, il obtient un emploi dans la commission de secours publics. Il passe ses loisirs au Louvre et au Cabinet des Estampes et fréquente assidument les théâtres. Il participe, sans bien comprendre comment et pourquoi, aux évènements marquant la fin de la Terreur, et notamment à la chute de Robespierre. Pendant l’hiver 1794-95, Fleury fait la connaissance de Madame Flachat, qui tient un salon rassemblant les Lyonnais habitant Paris. Elle devient sa confidente et il reproduit dans ses Souvenirs plusieurs de ses lettres.
Richard quitte Paris le 20 mai 1795 et revient à Lyon. Avec ses amis il voyage dans les villes voisines et en particulier Vienne. Il y rencontre sa future épouse, Blanche Menut. À la même époque il fait la connaissance de Pierre Toussaint Dechazelle. Négociant et dessinateur en soierie, il est séduit par l’autoportrait que le jeune homme a peint en s’inspirant de Jean-Michel Grobon. Il convainc les parents de Fleury de le renvoyer à Paris.
Tout s’enchaine donc pour qu’en 1796 Fleury rejoigne d’abord à Paris l’atelier du sculpteur Pierre Julien. Puis, à l’automne 1796, il retrouve Révoil à l’atelier de Jacques-Louis David. La vie de Fleury et Révoil à l’atelier de David, nous est connue par plusieurs sources, dont le témoignage laissé par les Souvenirs d’Étienne-Jean Delécluze, publiés en 1855 : « Richard Fleury [sic] et Révoil, bien élevés, très-retenus dans leur discours et habituellement couverts de vêtements très propres, faisaient honneur à la bonne bourgeoisie et au gros commerce lyonnais […] Ils se montraient affables et polis envers tous. Les élèves les respectaient. » Richard monte en grade rapidement au sein de l’atelier, et passe du statut de simple dessinateur à celui de peintre à l’été 1797.
Épuisé par le rythme soutenu de l’atelier, il fait un séjour d’une année à Lyon. Il effectue à cette époque plusieurs commandes et portraits de sa famille et de celle de Dechazelle. De retour à Paris en 1798, il donne, en alternance avec Révoil, des cours de dessins, et continue à peindre au sein de l’atelier de David. Il entre également en contact avec d’autres peintres, dont Jacques Henri Sablet, qui l’influence fortement par la suite. Fort du succès de ses premières créations, il fréquente l’intelligentsia parisienne, où son style troubadour est très en faveur, et devient le peintre de prédilection de l’impératrice qui acquiert plusieurs de ses tableaux alors que la renommée européenne de ses premières œuvres est saluée par Madame de Staël1. Vers 1800, il quitte Paris et l’atelier de David qui exerce sur lui une influence qui durera toute sa vie. La même année, il est nommé Émule de l’Athénée de Lyon puis Membre de l’académie d’Anvers.
Il expose pour la toute première fois au Salon en 1801, avec deux œuvres: un tableau intitulé Sainte Blandine2 et un dessin, Portrait d’une jeune personne devant un piano. L’année suivante, il connait son premier vrai succès au Salon, avec Valentine de Milan pleurant la mort de son époux Louis d’Orléans. Il est reconnu dès 1804 comme meilleur représentant de ce genre inédit. Denon note à son propos : « Richard s’est placé au premier rang par le choix de ses sujets, par sa lumière et ses effets piquants […] Les quatre tableaux qu’il a eu au Salon sont quatre petits chefs-d’œuvre […] Il y joint le beau métier des Flamands au goût et à la convenance de l’École française. »
En 1809, il installe son atelier au palais Saint-Pierre à Lyon où il jouit d’une grande réputation : son atelier lui est offert par la ville en remerciement pour la renommée dont il fait bénéficier la cité. La même année il est fait membre titulaire de l’académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon3. Il est introduit dans la Loge écossaise d’Isis en 1809 et bénéficie de nombreuses décorations et distinctions : membre de l’Académie de Turin (1810), décoration de l’ordre du Lys et peintre de genre de Monsieur en 1814, chevalier de la légion d’honneur en 1815, professeur à l’école impériale des Beaux-arts de Lyon, où il exerce de 1818 à 1823, membre correspondant de l’Académie royale des Beaux-Arts (1822), chevalier de l’Ordre Royal de Saint Michel (1824) et peintre ordinaire de la chambre du Roi (1826). Ce dernier titre est honorifique car à la suite d’une maladie nerveuse, Richard éprouve de plus en plus de difficultés à peindre après 1826.
Il épouse une de ses élèves, Blanche Menut, fille d’un banquier le 27 octobre 1814 et est élevé au grade de Chevalier de la Légion d’honneur en 18151. À la suite de la démission de Révoil en 1818, il est nommé professeur de peinture à l’École des beaux-arts de Lyon. Inversement Révoil le remplace en 1823.
Il tente de renouveler son style avec Jeune fille à la fontaine mais n’obtient pas le succès escompté. Épuisé et malade nerveusement, il arrête d’exposer après le Salon de 1824. Atteint d’une attaque de paralysie en 1840, il cesse définitivement de peindre. Il effectue néanmoins une dernière exposition au Salon de 1846. En 1851 il s’installe à Écully où il se consacre à l’écriture et à la gestion de ses terres. Il rédige ses Souvenirs, des notices sur les peintres et un ouvrage où il expose Quelques réflexions sur l’enseignement de la peinture dans les villes de second ordre1. Avant sa mort le 14 mars 1852 à Écully, il fait don à la ville Lyon de sa collection de gravures.