Jean-Pierre Laÿs
Saint-Barthélemy-Lestra, 1825 - Ecully, 1887
Jean-Pierre Laÿs est un peintre français de natures mortes, né à Saint-Barthélemy-Lestra le 12 novembre 1825 et mort à Ecully le 18 décembre 1887.
Jean-Pierre Laÿs est né le 12 novembre 1825 à Saint-Barthélemy-Lestra (Loire). Il est issu d’une famille de treize enfants, dont chacun était voué à une tâche particulière dans la maison. Aucun d’eux n’allait à l’école, celle-ci étant trop chère pour la famille. Cependant, l’instituteur remarqua son intelligence et sa vivacité d’esprit et il finit par être scolarisé. Il se révéla fort en lecture, mais médiocre en écriture, préférant les dessins aux bâtons des lettres, ce qui lui valut les corrections du maître d’école.
En 1837, il devint un bon ami du curé, qui prit soin d’écrire au peintre Simon Saint-Jean, à Lyon, en lui joignant les croquis de l’enfant. La réponse s’avéra décevante : si l’artiste reconnut le talent précoce de Jean-Pierre Laÿs, il déclara qu’il lui faudrait suivre des cours durant de nombreuses années au coût de 20 francs par mois, en vivant à ses frais. La famille Laÿs n’étant pas riche, le rêve s’évanouit. En 1841, Laÿs devint le domestique de Saint-Jean, à Lyon, obtenant comme contrepartie de s’adonner pendant ses loisirs au dessin, de copier ceux de l’artiste, d’observer. Travailleur acharné, droit, courageux, bien qu’un peu craintif et sauvage, il suscita l’affection du peintre et de sa femme qui suivait d’un œil attentif les progrès du jeune homme. Cela dura sept ans avant que le peintre ne ferme son atelier et que Jean-Pierre Laÿs retourne sous le toit paternel, non sans les éloges de Saint-Jean quant à son talent. Il continua de peindre, se concentrant sur la gouache et l’aquarelle, la peinture à l’huile étant trop coûteuse pour la famille. Un an plus tard, Simon Saint-Jean rouvrit son atelier et appela l’adolescent afin de lui annoncer que sa place l’attendait et qu’il pouvait revenir s’il le souhaitait. De retour chez l’artiste, Laÿs lui montra ses dernières créations, dont la technique s’était encore améliorée, révélant un regard curieux et observateur. Ce début particulier lui fit subir les regards peu amènes de ses camarades de classe. Saint Jean fut le modèle de Laÿs sur tous les plans.
En 1849, il présenta un tableau à un salon et c’est Saint-Jean qui choisit Grappes de raisins. Le tableau reçut une médaille et fut vendu 200 francs. En 1850, un autre artiste reçut le prix, ce qui provoqua un mécontentement chez l’artiste ainsi que chez Saint-Jean. Cela n’empêcha pas Laÿs de devenir riche, connu et coté ; celui-ci aurait pu quitter Saint Jean, mais ayant promis de rester dix ans avec lui, tint sa promesse. L’ennui le gagna, d’autant plus que son maitre lui interdisait la peinture à l’huile. Il le quittera en 1852.
Il se fit rejeter dans des salons de peinture malgré son succès. En 1856, on lui demanda une guirlande de fleurs pour l’impératrice de Russie. Sa cote continua de monter et les commandes affluer en nombre ; la mode était à la fleur. En 1858, il reçut une médaille de deuxième classe à L’Exposition de Dijon. Il se laissa tenter par Alphonse Balleydier qui lui fit de grandes promesses s’il quittait Lyon. Balleydier lui écrivit de nombreuses lettres mais Laÿs resta à Lyon. Il devint ami avec un vieillard qui l’admirait : Alexis Balthazar Henri Schauenburg.
Laÿs fut très affecté de la mort de son maître Simon Saint-Jean, survenue le 3 juillet 1860.
Quatre ans plus tard, le 9 mars 1864, la ville de Lyon fit l’acquisition du tableau La vigne à la Croix qui était exposé au Salon de cette année-là, pour la somme de 2 000 francs. Le 11 mai 1865, de la part de la Société des amis des arts de Bordeaux, Laÿs reçut la somme de mille francs pour une toile qu’il avait envoyée à la ville pour une exposition et qu’il remporta (d’après le secrétaire) avec tous les suffrages. En avril 1867, il adressa à l’Exposition universelle le tableau Vierge aux roses qui connut un immense succès.
Alexis Balthazar, à sa mort, fit don d’une immense partie de sa collection à son ami Laÿs, ce qui provoqua étonnement et colère de la coterie ainsi que des marchands. Pendant quelques années sans doute, Laÿs avait donné des soins au vieillard ; il l’avait consolé, relevé, charmé : il avait adouci ses derniers instants.
En 1872, Lyon avait rouvert son Salon annuel et, sollicité par quelques amis, Laÿs avait envoyé une toile. Mais le jour des récompenses, le jury sous-estima son tableau. Laÿs, à cette époque, n’était pas de ces hommes qui passent inaperçus. Orgueil de Lyon, bien vu de l’étranger, il avait une auréole de gloire avec laquelle il fallait compter.