Johannès Son
Lyon,1859 - Bourg-en-Bresse, 1942
Jean-Antoine dit Johannes Son, né à Lyon, vient s’installer à Bourg-en-Bresse en 1862 avec sa famille quand son père, alors entrepreneur en travaux publics, est chargé de la construction de la ligne du chemin de fer de Bourg-en-Bresse à Lons-le-Saunier. Il fait ses études au lycée Lalande où il reçoit, comme Alfred Chanut les leçons de dessin de Bernard Pingeon. Bachelier en 1878, il souhaite entrer à l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon, mais son père s’y oppose fermement et le contraint à faire son droit. Lorsqu’il revient à Bourg après son service militaire, il partage son temps entre la banque dirigée par son père et la peinture, et il aime se rendre du côté de Pont-d’Ain pour peindre sur le motif.
En 1886, il expose pour la première fois au Salon de Lyon et dès lors ses envois y sont réguliers. Il est refusé deux années successives — en 1889 et 1890 – au Salon de Paris : ce n’est qu’en 1892 que sa toile Les Blés du matin est enfin acceptée. Il comprend alors la nécessité pour lui de suivre un enseignement artistique et il réussit à entrer en 1894 à Paris dans l’atelier d’Edmond Yon (1836-1897), peintre paysagiste et graveur sur bois. Il expose ensuite chaque année au Salon des Artistes Français, puis passe en 1911 à celui de la Société Nationale. On le trouve aussi à partir de 1890 au Salon des indépendants et il participe durant une vingtaine d’années au Salon d’Hiver.
Le succès aidant, Johannès Son partage son temps entre son atelier parisien de la rue des Fontaines aux pieds butte Montmartre et la maison familiale du boulevard de Brou à Bourg qu’il a peinte à plusieurs reprises.
Il voyage en France – Provence, Normandie, Bretagne, Bourgogne, Savoie – et à l’étranger – Belgique, Italie, Hollande – mais il aime aussi retrouver chaque été les paysages de la Bresse et de la Dombes.
Johannès Son est bien intégré dans la vie artistique burgienne, fréquentant l’atelier de Chanut, point de rendez-vous des peintres locaux. Comme ses contemporains, il utilise la vitrine de l’encadreur Poulard, rue Pasteur, pour montrer ses dernières créations. Il organise également des expositions personnelles en 1895, dans les locaux du photographe Gaudichon, puis en 1897 rue Pasteur, il présente soixante-dix-neuf œuvres. Il assiste en 1904 à la formation de la Société des Artistes de l’Ain.
S’il ne fait pas partie du bureau exécutif, il participe aux deux expositions de 1905 et 1906. Il écrit aussi beaucoup dans la presse locale sur l’art de son temps, et les recherches novatrices d’avant-garde dont il dénonce vigoureusement les “excès et les dérives” lui déplaisent vivement. Il est enfin membre de la Société d’Emulation dc l’Ain pour laquelle il rédige des notices sur les artistes de l’Ain et à laquelle il lègue une somme d’argent pour créer un prix triennal destiné à récompenser un artiste. Son expose aussi à plusieurs reprises en France et à l’étranger, obtenant différentes récompenses, ce dont la presse locale rend compte régulièrement.
Si Johannès Son a peint des natures mortes et des bouquets, il est avant tout un paysagiste. Il a aimé la lumière du petit matin et les crépuscules aux teintes douces qui tombent sur de grands arbres ou des eaux dormantes. Dans une lettre à un ami, il donne sa vision personnelle de la peinture : “Si la peinture ne doit pas être réduite à la simple imitation, elle ne peut exister sans que cette imitation en soit la base. […] Une science approfondie du dessin est nécessaire à la peinture autant, si ce n’est plus, qu’une belle couleur”’. Johannès Son reste toute sa vie fidèle à cet idéal. Auteur prolifique de paysages au caractère peu affirmé et aux teintes si douces qu’elles confinent à la fadeur, ses œuvres restent modestes. En revanche, certains de ses tableaux de petit format ont un caractère plus spontané : son dessin y est plus libre et plus personnel.
Sources : Documentation musée des Beaux-Arts de Lyon, Tomaselli Collection, Bénézit.