Joseph Bernard
Vienne, 1866 - Boulogne-Billancourt, 1931
Joseph Bernard naît le 17 janvier 1866 à Vienne. Fils d’un modeste tailleur de pierre, il quitte l’école vers 12 ans et travaille sur les chantiers de son père : il apprend le métier et se signale vite par ses dons pour la sculpture. Il obtient une bourse de sa ville pour étudier à l’école des Beaux-Arts de Lyon en 1881, puis intègre celle de Paris en 1887, comme “pensionnaire du département de l’Isère”, mais l’enseignement académique ne répond guère à ses attentes. Il y apprend le modelage et abandonne la taille.
En 1896, il s’installe dans un atelier à Montparnasse. Il reste peu de réalisations de cette période car le sculpteur en a beaucoup détruit en 1921, lors de son déménagement à Boulogne. Ce sont des œuvres d’inspiration symboliste, marquées par l’influence de Rodin et il conçoit des projets de monuments, jamais réalisés. Il présente des créations au Salon dès 1892. Très indépendant, il refuse d’être le praticien d’un sculpteur et gagne sa vie dans une imprimerie, la nuit, jusqu’en 1911.
Vers 1905, Joseph Bernard renoue avec son premier apprentissage, en taillant directement dans la pierre une tête, appelée symboliquement l’Effort vers la nature. L’œuvre témoigne d’une volonté d’union étroite entre la forme et la matière. Elle prélude une série de têtes, masculines telles celles des Penseur, Poète, Beethoven et surtout féminines: Tête mystique, Sphinx moderne (surgi d’un bloc de marbre à peine dégrossi), Salomé, Chants immortels, le Voix… Ces têtes aux traits synthétiques, à l’expression concentrée, impénétrable, voire mystérieuse, ont été qualifiées par René Jullian de “visages intérieurs”. L’artiste devient le rénovateur de la sculpture en taille directe en France.
En 1905, il reçoit de sa ville natale, Vienne, sa première grande commande publique (il n’en aura qu’une autre de l’ État, en 1924), le Monument à Michel Servet, inauguré en 1911. Joseph Bernard réalise également des œuvres modelées, destinées à la fonte, comme la Jeune Fille à la cruche (1910) et la Femme à l’enfant. Le canon de ses figures varie en fonction de la technique employée : compact et massif pour les sculptures en taille directe, élancé pour les modelages.
Il crée l’essentiel de son œuvre sculpté entre 1905 et 1913. Il est un des rares sculpteurs français exposé à l’Armory Show à New York en 1913. Dans les années 1920, il est considéré à l’égal de Bourdelle et Maillol. Il meurt brutalement le 7 janvier 1931.
Sources : Documentation musée des Beaux-Arts de Lyon, Tomaselli Collection, Bénézit.