Maurice Tête
1880 - 1948
Fils naturel d’un homme appartenant à la bourgeoisie roannaise du textile et de Benoîte Antoinette Tête (Roanne, 1852-1934), Maurice Tête ne vit pas le jour à Roanne. Le conformisme de la fin du siècle dernier voulut que la jeune célibataire soit éloignée le temps sa grossesse et de son accouchement qui eut lieu à Paris le 22 septembre 1880. La tradition familiale assure qu’il fut élève de William Bouguereau à l’École Nationale des Beaux-Arts et même à 17 ans, logiste pour le concours du Prix de Rome. Pourtant aucun dossier d’élève à son nom ne figure dans les registres de l’École. Il est probable qu’il fut l’un des élèves de l’une des nombreuses Académies libres (telle l’Académie Julian) admis à suivre certains ateliers de l’École. Une chose est certaine, le jeune Maurice acquiert une solide formation académique, comme en témoigne la facture de ses premières œuvres. C’est d’ailleurs au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts qu’il choisit de faire figurer ses premières toiles.
Alors que tant de provinciaux « montent à Paris » faire leurs premières armes (c’est le cas du roannais Jean Puy pour n’en citer qu’un seul), Maurice Tête décide lui de s’installer à Roanne vers 1901-1902. Tout naturellement, il entre en contact avec le milieu artistique roannais, composé de peintres paysagistes dans la mouvance de l’École de Barbizon, dont le maître incontesté est Émile Noirot (1853-1924). Il se lie tout particulièrement avec Charles Devillié (1850-1905) dont il partage l’atelier 22 rue Noëlas. Il s’y installera seul à la mort de ce dernier, dont il épousera la nièce, Berthe Gauthier (1882-1939), en décembre 1906. Trois filles, Madeleine, Régina et Germaine naîtront de cette union respectivement en 1907, 1908 et 1909. Avec Antonia, la mère de l’artiste, ils vivent dans la grande maison de la rue Brison et, en été, dans la villa néo-normande de Riorges héritée de Charles Devillié. Ces lieux seront désormais le cadre de ses recherches picturales. Il ne quittera Roanne que pour partir à la guerre de 1914-1918 qu’il fit sur le front comme caporal.
À son retour, il reprend le cours d’une vie provinciale paisible, partagée entre les joies familiales, que viendront assombrir le décès de sa mère en 1934 puis celui de sa femme en 1939, et une intense activité artistique. Sa participation à la vie culturelle locale au sein de la Société des Amis des Arts est certaine mais discrète. Il n’apparaitra sur le devant de la scène qu’en 1926, lors de l’organisation de la première exposition rétrospective Charles Devillié dont il a soigneusement conservé les œuvres.
Par ses préoccupations esthétiques, Maurice Tête dépasse de beaucoup le cadre régional. S’il ne fût certes qu’un moment à la pointe de l’avant-garde (dès 1905 il aborde le pointillisme auquel il ajoute très tôt un dessin synthétique proche du cubisme par ses composants en facettes), Maurice Tête n’en a pas moins élaboré une œuvre très personnelle, sensible et attachante. Ce sont donc de longues années que Maurice Tête consacre exclusivement à son art, jusqu’à sa mort qui survient en juillet 1948.
Sources : Documentation musée des Beaux-Arts de Lyon, Tomaselli Collection, Bénézit.