Nicolas Regnier
Maubeuge, vers 1588 – Venise, 1667
Au début de sa carrière, Régnier aurait étudié à Anvers auprès d’Abraham Janssens, puis à Rome auprès de Bartolomeo Manfredi. Ayant semble-t-il italianisé son nom, il fut actif à Venise durant la première moitié du XVIIᵉ siècle. Son Portrait de l’amiral Lazaro Mocenigo le confirme : l’amiral mourut en 1657. Si Régnier a réellement été l’élève de Janssens, on peut considérer que ce dernier fut à l’origine de l’influence caravagesque qui imprégna son style. Cette influence rapprocha Régnier du cercle du marquis Giustiniani à Rome. Il imita de près le style du Caravage, au point que certaines de ses œuvres furent attribuées au maître lui-même, et il pratiqua ce que l’on a appelé le « style ténébriste » de façon plus marquée encore que Simon Vouet, qu’il aurait pu rencontrer à Rome. Tandis que Vouet rapportait ce « style sombre » en France et l’introduisait dans l’école française, Nicolas Régnier s’établit définitivement en Italie. On a souvent relevé des similitudes entre certaines figures féminines de Vouet et de Régnier, sans qu’il y ait pour autant de raison d’évoquer une influence directe.
C’est sans doute au cours de son long séjour à Venise, de 1626 à 1641, que Régnier s’éloigna quelque peu du caravagisme, pour se tourner vers l’école de Bologne, et plus particulièrement vers Guido Reni. Outre Caravage et Guido Reni, il subit également l’influence de l’école flamande. On a remarqué que l’œuvre de Régnier, comme celle de Georges de La Tour, peut se diviser en deux groupes : dans le premier, les sujets sont traités avec élégance et naturel, dans une peinture souple et vigoureuse ; dans le second, les figures apparaissent plus froides, hiératiques, et sont inscrites dans une matière picturale rigoureuse, au rendu presque « marbré ».
L’établissement d’un catalogue raisonné des œuvres attribuables à Nicolas Régnier demeure difficile, car aucune de ses toiles n’est signée. Les sources écrites attestent cependant de sa grande réputation comme portraitiste, bien qu’aucun portrait de sa main n’ait encore été identifié avec certitude. Régnier eut quatre filles, célèbres pour leur beauté, dont deux se consacrèrent à la peinture.
Source : Bénézit