Pierre Puvis de Chavannes
Lyon,1824- Paris,1898
Pierre Puvis de Chavannes était le fils d’une riche famille bourgeoise. Son père était ingénieur, tout comme son frère aîné, et Pierre était destiné à suivre le même chemin. Mais il découvre bientôt une passion pour l’art et rejoint l’atelier d’Henri Scheffer, frère du peintre Ary Scheffer. Entre 1846 et 1848, il vécut en Italie, période qui allait avoir une influence importante sur son art. En 1849, à son retour en France, il étudie à l’atelier de Thomas Couture et, plus tard, chez Delacroix. Mais c’est le travail de Chassériau qui l’a le plus influencé.
Il expose pour la première fois au Salon de Paris en 1850, montrant une Pietà, mais de 1851 à 1858 ses entrées sont rejetées. Ce n’est qu’en 1859 qu’il est de nouveau accepté avec son tableau Retour de la chasse. Plus tard, il connut un succès considérable, notamment lors de l’exposition de 1887 organisée par Durand Ruel. En 1890, avec Meissonnier et Rodin, il fonde la Société nationale des beaux-arts, dont il devient président en 1891. En 1894, il expose quelques toiles de chevalet à l’exposition Libre Esthétique à Bruxelles. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1867, promu officier en 1877 et commandant en 1889.
Dès le début de sa carrière, Puvis de Chavannes est attiré par la peinture décorative. Son frère avait fait construire une maison au Brouchy, en Saône-et-Loire, et Puvis décorait les murs de la salle à manger entre 1854 et 1855. Ces peintures ne révèlent pas la même ampleur que les œuvres ultérieures, mais elles donnent un aperçu de sa source d’inspiration : l’Italie.
Après cette première expérience, Puvis savait qu’il avait découvert le domaine dans lequel il voulait travailler – la peinture murale – ainsi que sa palette de couleurs – des tons pâles, des blancs teintés de roses doux et de jaunes acides. Il s’efforce toujours de se conformer aux exigences de la structure, en adoptant des tons plus sombres, presque monochromes pour les compositions sur les murs à l’ombre. Il cherchait constamment à créer une harmonie entre sa peinture et la surface à laquelle elle était appliquée ; il voulait que la peinture ne fasse qu’une avec la surface et cherchait donc à la rendre plate, sans éléments de relief. Pour ce faire, il utilise un liant mat, exécutant ses peintures murales non pas comme des fresques, comme on le pense souvent, mais comme des peintures encaustiques. Puvis reçut aussi des commandes privées et s’efforça de faire correspondre son iconographie au monument qu’il décorait : lorsqu’on lui demande, entre 1874 et 1878, d’exécuter des peintures murales pour le Panthéon, il choisit comme sujet des épisodes de la vie de Sainte-Geneviève, car avant de devenir le Panthéon en 1875, ce monument était l’église de Sainte Geneviève. Puvis de Chavannes était tellement attaché à la peinture décorative qu’il a présenté certaines de ses peintures sur chevalet comme des décorations.
Pierre Puvis de Chavannes a toujours été un artiste difficile à classer. La réputation glorieuse dont il jouissait sous la Troisième République déclina en un discrédit général au cours du siècle suivant jusqu’à son influence presque souterraine sur des artistes tels que Gauguin, Maurice Denis, Hodler, Balthus, Picasso, Modigliani, Prendergast. Bien qu’il ait travaillé dans l’allégorie, il ne peut pas être classé simplement comme un symboliste. L’art de Puvis de Chavannes est allié au monumental, non seulement en termes de dimensions de ses grandes pièces décoratives mais surtout en raison de la puissance de ses compositions, de ses formes simples et de sa palette austère. Il semble avoir hérité de la tradition des grands fresques italiennes, bien qu’il n’ait jamais utilisé la technique mais ait su imiter la texture. Après son succès au Panthéon, Puvis de Chavannes a été tenu de montrer l’essence de l’art classique français, mais cette évaluation déforme la véritable nature de sa réalisation artistique. Distant des tendances contemporaines de son époque, il est un artiste que l’on peut qualifier de moderne dans sa pureté, mais éloigné du monde qui l’entoure dans ses intentions allégoriques et morales.
Sources : Documentation musée des Beaux-Arts de Lyon, Tomaselli Collection, Bénézit.