Jeune femme au chapeau
Joseph Auguste Brunier (Voir la fiche)
XIXe siècle
Une jeune femme est représentée à mi-corps, coiffée d’un chapeau gris tourterelle à larges bords, vêtue d’une robe d’un blanc crémeux, à manches longues, au corsage drapé d’une sorte d’ample châle de dentelle de couleur assortie, orné de pastilles plus claires. Tout est singulier dans ce portrait si sage d’apparence. Le modèle semble assis dans le fauteuil Voltaire tapissé de velours grenat. En fait, il est debout et, par un savant décalage, le fauteuil sert de fond au buste qui se détache sur un curieux pan d’étoffe d’un rose ocré éteint, aux bords découpés. La lumière qui vient de droite modèle subtilement le visage aux paupières rougies, au nez long, aux lèvres exsangues, aux sourcils de couleur indécise assortie, si l’on peut dire, à celle du chapeau peu seyant au demeurant mais dont le volume, dessiné avec une rigueur d’architecte, ajoute à l’étrangeté de l’ensemble. Ainsi couronnée de carton-pierre, vêtue de lumière plus que d’une robe à proprement parler, le modèle tient d’une main de porcelaine un livre qui pourrait être un missel. La palette assourdie, tout en demi-teintes, suprêmement distinguée, est très personnelle. Le hiératisme adouci de la pose contraste de façon émouvante avec le regard interrogateur, légèrement désabusé. Le modèle serré de la facture montre que Brunier n’a pas oublié la leçon de Michel Dumas, ingriste de la deuxième génération, dans cette œuvre fin de siècle d’une grâce maladive et énigmatique.
Sources : Documentation musée des Beaux-Arts de Lyon, Tomaselli Collection, Bénézit.